Coup de projecteur sur l’histoire des dessous
sur l'histoire des Dessous.
A chaque époque l’homme a cherché à couvrir ses parties intimes. Par nécessité, par pudeur, par souci d’hygiène, les premiers ancêtres des sous-vêtements sont nés ; peaux de bêtes, pagnes ou linges sont venus habiller le sexe. L’histoire des dessous est pleine de surprises et il a fallu s’armer de patience pour voir enfin arriver “la petite culotte” ! Bref avant d’exister tel qu’on les connait, les sous-vêtements ont subi pas mal de coups de ciseaux …
Pour commencer, qu’appelle t-on un sous-vêtement ?
Le Larousse nous dit que c’est une pièce de lingerie ou de bonneterie que l’on porte sous les vêtements. On pense immédiatement d’une manière générale aux culottes, aux slips et aux dessous plus féminins dans la foulée comme les soutien-gorge. En réalité, en poursuivant la lecture de cet article, vous verrez que le sous-vêtement, à certaines époques, ne ressemblait pas du tout à ce que vous imaginez.
Comment sont nés les dessous ?
Cette idée de couvrir les parties intimes de son corps n’a jamais quitté l’homme, qui reste d’ailleurs le seul mammifère à se vêtir. Pourquoi ? Remontons un peu le temps pour y répondre.
1/ Les conditions climatiques ont joué un rôle essentiel
Les premiers hommes préhistoriques ne se sont pas couverts le sexe et le reste du corps pour les cacher mais pour combattre le froid et survivre ! L’homme utilisait ce qu’il trouvait pour se protéger des aléas climatiques et fabriquait ses vêtements, y compris des pagnes en peaux d’animaux. La présence d’outils de couture comme des aiguilles à base d’os, dans des sépultures, attestent que l’homme de Néandertal par exemple, travaillait le cuir et même les fibres végétales.
En Ancienne Egypte, les pagnes comme le “Chendjit”, portés par les hommes ne servaient pas à masquer leurs attributs sexuels, mais tout simplement à les protéger du soleil et des piqûres d’insectes ! Ces dessous s’apparentaient à une sorte de foulard ou d’écharpe, maintenus par une cordelette ou une ceinture en tissu.
2/ La quête de confort et l’hygiène
En Ancienne Egypte encore, la nudité n’est pas un tabou et on cherche à privilégier les sous-vêtements légers, confortables et la liberté de mouvement. Les tuniques des Egyptiennes rappellent le concept des déshabillés actuels. Les tissus sont transparents et fluides. La peau respire. Le corps se montre sous le vêtement.
Le “Perizoma” ou “Perizonium” fait son apparition en Grèce Antique. Une sorte de jupe courte ou de pagne, adopté par les hommes comme par les femmes. Les Grecs drapent leurs parties génitales par souci de praticité et d’hygiène : ces drapés s’enlèvent aisément pour profiter des Thermes et se remettent tout aussi facilement. Les pagnes ou caleçons sont souples et roulés sur les hanches. Ils se maintiennent avec des broches ou des cordons tressés.
Mais on trouve aussi en Rome Antique, le Subligaculum (qui veut dire “lier en dessous”) et qui ressemble à s’y méprendre au slip, voir carrément au bikini ! Cette culotte courte qui passe entre les jambes et s’attache sur les hanches semble avoir été réservée à l’élite et à la pratique de certains sports comme le montrent certaines mosaïques. On y a même représenté ce qui s’apparente à l’ancêtre du soutien-gorge, le fascia pectoralis. On pense que ces sous-vêtements devaient se porter à l’occasion sous les toges des hommes ou les stolas des femmes.
En Europe on a trouvé des traces de l’existence de linge de corps très proche de l’idée de la culotte actuelle. L’image ci dessous en témoignage. La coupe et le système de cordon sur le coté, nous rappellent l’allure d’un slip de bain.
3/ La nécessité de protéger ses organes génitaux
Les civilisations ont vite compris que les organes sexuels étaient les garants de leur descendance et aussi de leur plaisir. Alors il devient impératif de les protéger ! Au Moyen-Age, tout d’abord, les braies font leur apparition : pour effectuer les tâches quotidiennes, on adopte ces caleçons amples et parfois épais qui offrent maintien et protection à sa virilité. Si vous souhaitez tout savoir sur les braies, consultez ce site : Fief et Chevalerie. Tout y est détaillé et illustré.
Mais les guerres entre les peuples qui éclatent un peu partout nécessitent d’autres solutions ! On invente la coque ou coquille, une sorte d’armature réalisée le plus souvent avec des matériaux solides et rigides pour couvrir le pénis des combattants. La bosse des coques devient alors le symbole de la virilité. Ces coquilles portées par les troupes, les chevaliers, puis les rois, seront plébiscitées jusqu’à la renaissance. Certaines seront magnifiquement décorées ou sculptées d’arabesques comme de véritables bijoux.
4/ Les sous-vêtements de contrainte ont-ils existés ?
Vous avez tous entendu parler un jour de ces histoires de seigneurs au Moyen-Age qui avant de partir en croisade, obligeaient leurs épouses à porter une ceinture de chasteté pour les empêcher à toute relation sexuelle. Beaucoup d’historiens pensent qu’il s’agit de légendes puisqu’aucune source officielle et qu’aucun document sérieux ne l’attestent. Les rares modèles exposés dans les Musées ne sont pas des objets Médiévaux et auraient été fabriqués de toute pièce et bien plus tard par des plaisantins.
Ouf… Cela étant dis, sachez qu’il existe cependant une vraie ceinture de chasteté datant de 1870 et imaginée aux Etats-Unis. Elle était destinée à empêcher la masturbation masculine ! L’idée d’un sous-vêtement créé pour empêcher le plaisir fait froid sans le dos.
Quand on parle de contrainte, impossible de faire l’impasse sur un dessous féminin qui a perduré pendant des siècles ; le corset ! D’abord conçu au Moyen-Age, avec des bandes de cuir et sans vraie structure, il est ensuite devenu rigide et très contraignant, serrant tellement la poitrine et affinant tant la taille que les femmes frôlaient l’étouffement. Au 17eme et 18ème siècle, les corsets sont de rigueur et on torture le corps pour mettre en valeur la silhouette. Inutile de vous dire que cela avait un impact désastreux sur la morphologie et la santé du corps. Ce n’est qu’au début du 19ème siècle que le corset s’assouplit avant de disparaitre. Si vous souhaitez en apprendre plus, n’hésitez pas à vous rendre au Palais Galliera à Paris pour découvrir les 5000 pièces exposées concernant le linge de corps, la corseterie, la lingerie !
La culotte révolutionne le dessous
Mais parlons du dessous essentiel et incontournable : la culotte. L’apparition de la culotte va changer nos vies ! Longtemps réservée aux hommes, elle a pris diverses formes et s’est “raccourcie’ avant de devenir “la petite culotte” que l’on connait et d’être unisexe.
1/ Un sous-vêtement d’abord masculin et long
Le mot “culotte” a la même racine que le mot “cul”. Le mot a donné naissance à des expressions familières comme “porter la culotte” parce que c’était l’homme qui portait la culotte ou les hauts-de-chausses et qui avait l’autorité. Dans les milieux aisés et aristocratiques, la culotte masculine est très répandue. Elle ne l’est pas dans les couches pauvres de la population. Les paysans qui manifestent pendant la révolution seront appelés les “sans culottes” pour cette raison : ils ne portent rien sous leur pantalon.
Avant les années 1900, les pratiques sportives (essentiellement masculines) vont modifier l’esthétique du sous vêtement, pour le rendre sécurisant et confortable. Avec l’engouement pour la bicyclette, naitra le JockStrap, un slip conçu spécialement pour les cyclistes qui protège les organes génitaux et agit comme un suspensoir. Ce sous vêtement inventé par Charles Bennett, en 1874 aux Etats-Unis, est toujours d’actualité pour de nombreux sportifs comme les Rugbymans, les joueurs de Hockey, même si il est aussi considéré comme une lingerie masculine à part entière, à la forme sexy et plutôt sulfureuse.
2/ Du Panty (ou panties) à la culotte fendue pour femme
Les “pantalettes” ou “panties”, vraies ancêtres de la culotte pour femme entrent vraiment en scène au milieu du 19ème siècle et ce par commodité et hygiène. Sous leurs jupons, les femmes portent de longues culottes amples en dentelle ou en coton ressemblant à des pantalons courts, fendus à l’arrière et à l’avant.
Cette innovation va grandement faciliter le quotidien de ces dames et apporter de vraies notions d’hygiène : la femme peut se rendre aux toilettes facilement, se rafraichir dans la journée quand elle le souhaite, sans avoir besoin de quitter la tonne de jupons… et l’ouverture de la culotte permet les ébats sexuels ! La culotte évite que les vêtements du dessus soient en contact direct avec la peau nue, donc avec la sueur et les sécrétions et préserve des frottements. Une révolution !
3/ Une question de longueur
En 1918, c’est d’un coup de ciseau, raconte t-on, qu’Etienne Valton, créateur de la célèbre marque “Petit Bateau” invente la fameuse culotte sans jambes, au départ destinée uniquement aux très jeunes enfants (et qui ressemble déjà aux petites culottes blanches que nous connaissons). Souple et en coton, ce sous-vêtement apparait parfait pour le confort des bébés. L’idée de le décliner pour les femmes ne va pas tarder mais ça va prendre encore un peu de temps !
4/ La culotte imposée par la morale
L’hygiénisme, un mouvement apparu à la fin du 18ème siècle continue durant de nombreuses années à imposer des normes de toutes sortes (parfois assez étranges) et surtout à mettre en avant la santé et l’hygiène. Il faut dire qu’il y a eu les guerres, les disettes et les épidémies… et salubrité et propreté s’imposent ! Beaucoup d’hygiénistes éduquent les hommes et les femmes et imposent à ces dernières le port d’un sous-vêtement intime, donc de la future culotte !
Les religions ont déclaré la guerre à la nudité et depuis le début des temps. Si le corps nu n’est pas acceptable, alors le sexe encore moins. Il est source de tentations et de péchés et sa vision est impure. Le tableau “L’origine du Monde” de Gustave Courbet, qui a déclenché des tempêtes d’indignation, en est un témoignage saisissant. La société bien pensante ne peut plus accepter que les femmes soient nus sous leurs robes. Elles l’étaient pourtant depuis des siècles !
5/ Le remodelage du corps féminin encore à l’œuvre !
On a parlé du corset auparavant, mais n’oublions pas d’évoquer les gaines féminines. La gaine, beaucoup moins opprimante que le corset, continue à sculpter le corps féminin pour répondre aux diktas de beauté : En 1920 c’est la mode garçonne, alors il faut effacer les hanches.
La taille de guêpe revient à la mode dans les années 50 et le dessous remodelant a le vent en poupe : Il faut porter de hautes culottes gainantes pour maintenir sa silhouette, cacher ses rondeurs et aplatir son ventre. Gaines, guêpières et serre taille inondent les catalogues et les grands magasins !
La culotte courte, une renaissance !
Fini les caleçons longs et les panties ! Une fois raccourcie et ajustée au niveau du bassin, la culotte est une libération. Elle offre aux hommes et aux femmes une extraordinaire liberté de mouvement, d’autant que ces dernières de plus en plus nombreuses à entrer dans le monde du travail, deviennent des femmes actives en quête d’un confort de vie.
En 1930, on découvre le slip pour homme inventé par André Gillier, fondateur de la première marque de sous vêtement masculin : Gil. Avec sa poche ventrale inspirée d’un célèbre animal, on le nommera très vite “Le slip Kangourou”. Les années 40 verront émerger d’autres créateurs de lingerie masculine. Le slip devient une mode, une référence et son design continuera d’évoluer.
Le boum de la petite culotte pour femme, se produit dans les années 60 avec l’apparition de nouvelles matières comme la dentelle, la soie, le lycra. La petite culotte se colore aussi et se couvre de motifs. Le string, 10 ans plus tard, deviendra un des symboles de la révolution sexuelle !
La lingerie devient une expression de liberté
Les années 70 voient émerger les féministes qui considèrent que l’industrie de la lingerie et ses dogmes transforment la femme en “femme-objet”. A Londres en 1971 des centaines de femmes brûlent leur soutien-gorge. Les femmes travaillent, “portent la culotte” tout autant que les hommes et subviennent au besoin de leurs familles. La femme du 20ème siècle ne veut plus de contraintes avilissantes et veut que son corps se libère.
Les créateurs de lingerie se réveillent au début des années 2000 et proposent une multitude de dessous aux formes variées, aux matières nouvelles, aux designs inattendus. La femme du 20ème siècle a l’embarras du choix pour décider elle même du dessous qui lui convient : tanga, string, culotte taille basse ou taille haute… C’est elle qui décide de ce qu’elle porte, de ce qu’elle aime et non ce que la société et l’obligation de séduction recommandent ! On s’emballe pour les soutien-gorge sans armature, les petites culottes simples et pratiques, quitte à ne pas porter de culotte du tout…
Au 21ème siècle c’est la diversité mais aussi l’excellence
Avec l’ère du numérique, l’industrie du dessous s’adresse à un public illimité. Sur internet, on trouve des sous-vêtements masculins et féminins provenant des 4 coins du monde, pour tous les goûts et pour toutes les bourses au détriment parfois de la créativité et du savoir-faire. Le monde change, les usines fabriquent de plus en plus vite et les produits disparaissent au fil des saisons pour être aussitôt remplacés par d’autres, plus en vogue.
Mais la lingerie Française reste le symbole de l’excellence. Savoir-faire, séduction et luxe restent les piliers de nombreuses marques, avec en plus, la maitrise de nouvelles techniques de fabrication plus modernes. Et dans un seul but : le confort . Les créateurs remettent en avant les guêpières, les corsets, les bodys mais dans des matières douces et innovantes. Le dessous doit faire corps avec le corps, être une seconde peau.
Le string oublie le tissu et devient string-bijou
Au milieu des années 90, Sylvie Monthulé créée ses premiers bijoux intimes et s’orientent très vite vers la lingerie bijou : Les strings bijoux donnent du plaisir à celle qui les porte ! Un concept audacieux et révolutionnaire. Le bijou devient dessous, un sous-vêtement voluptueux qui joue avec la nudité, qui l’habille et la déshabille, la caresse, pour mélanger plaisir et beauté. Certaines de ses créations attisent les sens comme le ferait un sextoy.
Quelques infos incontournables
Bas, frou-frou, jarretières… Ces petits bouts de textile nous livrent quelques secrets !
Linge de corps ; Dès le 12ème siècle se sont les lingères qui découpent les tissus afin de réaliser le linge de corps et les trousseaux des demoiselles. Au 19ème siècle, elles travaillent dans des ateliers et reçoivent les clientes pour les essayages.
L’invention des bas en soie : Etonnamment c’est un ecclésiastique, en 1589, qui grâce à l’invention de la machine à tricoter, fait découvrir à la reine Elizabeth I d’Angleterre, la première paire de bas en soie !A partir de la seconde guerre mondiale, le bas en soie synthétique inondera les Etats Unis et l’Europe, puis cèdera la vedette au bas nylon.
Les Jarretières : Cet accessoire de lingerie qui se glisse autour de la cuisse de la jeune mariée, servait à l’origine à maintenir les bas. Les jarretières se composaient de rubans que les femmes nouaient tout simplement. Par la suite la coutume a voulu que la Jarretière soit mise aux enchères pour compléter la dot de la mariée.
La lingerie et ses codes de couleurs : De tout temps le blanc est resté le symbole de la pureté, de l’innocence et de la fidélité. Le trousseau de la jeune fille est blanc. Les dessous de la mariée sont blancs également. Jusqu’au 19ème siècle, les corsets rouges sont parfois perçus comme symboles de débauche et on dit que les culottes noires sont destinées aux prostituées !
1900, le premier soutien-gorge : C’est une femme, Herminie Cadolle corsetière de profession, qui fait découvrir son invention le corselet-gorge, lors de l’exposition universelle à Paris !
Des stars en guêpières ! C’est pour la célèbre actrice Américaine, Mae West, que Marcel Rochas aurait imaginé la toute première guêpière, juste après la 2ème guerre mondiale. Les pin-up des années soixante affichent leurs tailles de guêpes dans ces dessous, à la une des magazines et des calendriers.