Abécédaire de la culture érotique. Partie 1

Quand on parle de culture on s’oriente aussitôt vers la culture des lettres, des Arts, de l’histoire. On parle rarement de culture érotique ! Penchons nous sur nos connaissances en matière d’érotisme de A à Z avec élégance et humour. Voici la première partie de cet abécédaire, en espérant que vous en apprendrez plus sur l’origine du mot Amant, la signification du mot Baiser…


A comme Amant, Amante…
De l’amour galant au désir charnel

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Premier tableau de la série « Les Amants »
René Magritte 1928

Le mot amant remonte au 12ème siècle. Son origine est assimilé à amer, l’ancien verbe signifiant aimer. Au siècle de Molière, elle qualifie une personne qui aime d’amour et qui est aimée : de nombreuses pièces de Théâtre au 17è siècle mettent en scène des couples d’amants car l’amour est toujours au centre de l’intrigue. L’amant du 17ème siècle est considéré comme un amoureux, un soupirant, un galant.

De nos jours le sens du mot implique surtout l’amour charnel. L’amant est celui qui entretient une relation sexuelle, avec une autre personne, sans lui être marié et la plupart du temps cette relation a lieu en cachette. Au féminin, on parle d’amante et surtout de Maitresse.

En matière de références artistiques, on a tous entendu parler du célèbre Roman de Marguerite Duras « L’Amant », mais connaissez vous la série de tableaux peints par Magritte en 1928, intitulés « Les Amants » ? Un homme et une femme aux visages recouverts d’un tissu s’embrassent… Le peintre voulait il exprimer l’amour aveugle, l’amour secret, le désir et ses mystères ?


B comme Baiser…
étreinte des lèvres, étreinte des corps.

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Tableau « Le baiser » de Francesco Hayez 1859

Mais commençons par évoquer le premier sens du mot baiser, car il s’agit bien de bisous. Du latin basium, le baiser est donné à des personnes par affection, par respect. On baise son père, sa mère, son ami. N’oublions pas que le baiser était aussi un symbole de reconnaissance, et de paix entre les Chrétiens par exemple, au siècle premier, ou pratiqué entre hommes par les chevaliers au Moyen-âge, bouche contre bouche.

Le baiser amoureux (suavium) est celui de la passion, de l’amour et du désir et on le trouve déjà représenté sur des fresques Egyptiennes. Depuis l’antiquité on pratique l’art du baiser dans la plupart des cultures Européennes et cette union douce ou torride des lèvres d’amants a fait couler beaucoup d’encre. Dès le 13ème siècle, le baiser s’attire les foudres de l’église. Elle le voit comme un geste diabolique, un rituel impur que les sorcières aiment pratiquer ainsi que les femmes dépravées. Nous y voilà ! Le lien entre le baiser et la perversion sexuelle est né.

C’est au 16ème siècle que le sens du mot s’enhardit : les amants s’écrivent des mots doux et utilisent le mot baiser pour évoquer, sans le nommer ouvertement, leur désir charnel. Le 17ème siècle, siècle du libertinage, permettra à Molière dans ses pièces d’abuser du mot baiser pour décrire le frisson qui habite naturellement les amants. On ne parle plus d’un bisou lèvres contre lèvres, mais d’un corps qui s’abandonne à un autre corps. L’art a toujours permis de contourner les convenances et les interdits!

Quelques sublimes citations sur le baiser…
Guy de Maupassant : « Le baiser est la plus sûre façon de se taire en disant tout. »
Alfred de Musset : « Le seul vrai langage au monde est un baiser. »
Victor Hugo : « Il faut s’aimer, et puis il faut se le le dire, et puis il faut se l’écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux et ailleurs. »


C comme coït…
ou c comme contraception

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Représentation graphique d’une des positions
du Kamasutra de Vâtsyâyana

Saviez-vous que : D’après des études scientifiques récentes, la durée moyenne du coït serait d’environ 5 minutes ? Issu du latin coitus, qui signifie « action de se joindre », le coït désigne l’accouplement des mammifères et donc de l’homme. Il a longtemps désigné l’acte sexuel.

La définition de cet acte sexuel a heureusement évolué : on ne parle plus seulement du coït entre un mâle et une femelle (ou entre un homme et une femme) et donc de la pénétration du pénis dans le vagin, dans le but de procréer mais de relation sexuelle entre deux partenaires de sexe différents ou de même sexe, avec pénétration vaginale ou anale.

On a tous et toutes entendu parler du coït interrompu : une méthode quelque peu frustrante pour les deux partenaires qui voient leur rapport sexuel se terminer par une séparation soudaine, cela dans le but d’éviter une fécondation. Ce moyen de contraception a longtemps été pratiqué malgré son efficacité douteuse. On connait moins le coït intercrural (coit entre les jambes) : Une pratique sexuelle connue dès la Grèce Antique : l’excitation masculine s’obtient en glissant le pénis entre les cuisses fermées et serrées de son ou de sa partenaire, dans le but de simuler une pénétration.

Détail d’une fresque de Pompéi.

L’acte sexuel a toujours été lié à la procréation. Pendant des lustres, le coit est les religions ont condamné la recherche du plaisir charnel, l’acte sexuel étant considéré comme un acte de procréation avant tout. Le coit devait avoir lieu « entre époux légitimes ». Seule la position du missionnaire était jugée « décente » et le plaisir proscris.

Aujourd’hui l’Eglise catholique, par exemple, reconnait que la sexualité apporte épanouissement et renforce l’amour spirituel du couple et la notion de plaisir n’est plus contestée autant qu’avant, puisqu’elle se justifie par « un don de soi » entre mari et femme. La religion catholique continue cependant de rejeter les relations sexuelles hors mariage, bannit les méthodes de contraception non naturelles (c’est à dire pour ainsi dire tous les moyens contraceptifs actuels, hormis le coit interrompu) et condamne les relations homosexuelles et le polyamour.


D comme devoir conjugal…
la loi et le sexe

« Le devoir conjugal » Estampe de Maradan,
Musée Carnavalet.

La notion du devoir conjugal, remonte au Moyen-âge, au travers du Droit canonique de l’Eglise : la femme mariée a le devoir de perpétuer sa lignée et donc doit se soumettre aux désirs de son époux.
Un mariage « non consommé » est imparfait et peut même être dissout par l’autorité de l’Eglise et du Pape.

Sous Napoléon, le code civil de 1804 est une descente aux enfers pour les femmes mariées ou pas. Entièrement soumises à leur père ou leur mari, elles ne possèdent aucun droit, aucun bien, hormis celui d’être fécondes. En 1810 le devoir conjugal est mentionné comme une obligation, d’ailleurs le viol entre époux n’existe pas !

Quand on sait que la conception du devoir conjugal dans le droit Romain n’existait pas , on se dit que le monde moderne marche sur la tête car il faudra attendre les années 90 (on croit rêver !) pour que les relations sexuelles forcées, y compris entre époux, soient considérées comme une agression sexuelle et/ou un viol. En 2010, la loi impose la notion de consentement sexuel entre époux.


E comme éjaculation…

Gouache représentant un homme en train d’éjaculer.
Source ; Wikimedia Commons

La définition de l’éjaculation, c’est l’expulsion du sperme au moment de l’orgasme masculin, lors d’un rapport sexuel ou pendant une masturbation. Saviez-vous que :
– le mot sperme provient du grec sperma qui veut dire semence.
– lors de l’éjaculat, le sperme est expulsé de l’urètre à la moyenne de 45 kilomètres / heure
– l’appareil sexuel masculin met un peu plus de 90 jours à fabriquer le sperme. Chaque jour plusieurs millions de spermatozoïdes sont fabriqués par les testicules. Une partie sera éjecté par l’urètre, tout le reste disparaitra naturellement.
– les spermatozoïdes peuvent survivre plusieurs jours dans le col de l’utérus avant de rencontrer l’ovule,
mais quelques heures seulement dans le vagin.
– Dans le volume d’un éjaculat (entre 2 et 6 ml) on trouve plus de 40 millions de spermatozoïdes

Si on remonte un peu le cours de l’histoire, on apprend que l’Eglise médiévale était vent debout contre le gaspillage de sperme, autrement dit l’homme se devait de verser sa semence dans un seul et unique réceptacle, le vagin, et non la dilapider par exemple en se masturbant….
Avec la libération sexuelle, hommes et femmes intègrent des pratiques sexuelles diversifiées : l’éjaculation se fait sur le corps du partenaire, sur le ventre ou sur les fesses, dans la bouche avec la pratique de la fellation ou encore sur le visage. Le sperme se montre et témoigne de la jouissance de l’homme. Les films porno exposent des pénis puissants aux éjaculations hors normes. Virilité oblige !

Toile « La Jouissance » Sylvie Monthulé

De nos jours, on parle aussi de l’éjaculat féminin. Dans l’antiquité ce liquide portait le joli nom de « flux de joie ». Pendant l’orgasme les femmes expulsent un liquide lié à l’excitation des glandes de Skene. Les glandes de Skene ont été découvertes par un gynécologue, Alexander Skene, en 1877. Ce liquide translucide appelé cyprine, dont la composition s’apparente en partie au liquide pré-éjaculatoire, peut-être plus ou moins abondant et s’écoule par l’urètre sans provenir de la vessie, apparait sous l’effet de l’excitation et permet de lubrifier le vagin.

Quand on parle des femmes fontaines, l’éjaculat, lui, provient de la vessie et possèdent donc les mêmes composants que l’urine, mais très diluée. Les femmes fontaines sont encore tabou dans notre civilisation ou sont apparentées à un mythe mais de nombreux témoignages et études attestent de leur véracité. En Afrique, le kunyasa, le tapotement du clitoris avec le pénis provoquerait le jaillissement de l’eau sacrée et donc une jouissance exceptionnelle. Cette pratique répandue et très ancienne serait également connue en Chine antique.


F comme fantasme…
le besoin d’imaginaire érotique

Illustration d’Edouard-Henri Avril montrant
un homme fantasmant

Fantasmer c’est se donner du plaisir. Notre cerveau, au travers de nos désirs les plus enfouis, part à le recherche de ce qui nous fait frémir. Les fantasmes sont comme un jardin secret que nous partageons ou pas, et que nous cultivons au fil de notre vie pour en cueillir les parfums les plus subtiles.

Il y a des milliards d’êtres humains sur terre avec des envies et des désirs différents, alors il doit y avoir des milliards de fantasmes différents ! Fantasme ou phantasme puise son origine en latin et en grec dans le mot phantasma ; fantôme, hallucination. Quand on parle de fantasme sexuel, on évoque le travail de l’imagination au service d’un désir conscient ou pas. Fantasmer c’est fabriquer une image ou un scénario excitant sexuellement ou érotique.

La notion de fantasme implique souvent l’idée d’une non concrétisation car beaucoup de fantasmes ne pourront pas jamais être réalisés, comme faire l’amour avec une célébrité ou s’imaginer être une courtisane d’un temps révolu…
D’autres restent possibles « dans la vraie vie », mais nécessitent de la prudence et de la réflexion avant le passage à l’acte. Vous avez envie d’une relation sexuelle à 3 (fantasme n°1 d’après les sondages et commun aux deux sexes) oui mais votre partenaire en a t-il envie ? Ne céderas t-il pas à votre demande pour vous faire plaisir ? La communication et la sincérité dans un couple et dans toute relation sont primordiales avant de se jeter à corps perdu dans la concrétisation d’un désir.
Si la réalisation d’un fantasme peut s’avérer merveilleuse, il y a parfois un gros décalage entre le rêve et la réalité et quand les choses ne se passent pas comme on les a imaginées, le réveil peut-être brutal et frustrant.
Ne nous privons pas des rêves et fantasmes érotiques à notre portée : le fantasme de jouer avec la nourriture pendant les préliminaires, le fantasme de porter une tenue ultra sexy, le fantasme de se parer de bijoux intimes, de se faire masser …

Collection « fantasmes galants et érotiques »
de Franz von Bayros

Petites infos sur les fantasmes :
– Avoir des rêves érotiques c’est excellent pour le cerveau et la libido et ça réduit le stress.
– Hommes et femmes fantasment tout autant. Durant leurs rêveries érotiques, les hommes solliciteraient plutôt la vision, les femmes s’attacheraient au toucher et aux mots.
– 50% des personnes ont déjà imaginées des ébats sexuels avec une personne du même sexe.
– Pour beaucoup d’entre nous, le fantasme reste encore tabou. Il déclenche même chez certaines personnes une forme de honte. Suis-je normal(e) si cette pensée m’excite ?

Quelques belles citations sur le fantasme :
-« Un fantasme assouvi est un rêve déchu. » Elisabeth Carli
-« Les fantasmes ne commandent pas la vie sexuelle, ils en sont la nourriture. » Henri Barte.
-« L’amour fantasmé vaut bien mieux que l’amour vécu. Ne pas passer à l’acte c’est très excitant. » Andy Warhol.
-« Les hommes sont empêtrés dans leurs fantasmes comme des spaghettis dans du parmesan fondu. » Frédéric Dard
-« J’ai besoin de ta présence, je veux dire de toi en chair et en os. Cela fait maintenant des années que je me contente d’un fantasme. » Les cœurs fêlés – Gayle Forman


Nous espérons que vous avez aimé la première partie de cet abécédaire érotique. A bientôt pour la suite !


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